2023, collage
Comme bien des gens durant la pandémie, j’ai ouvert mes garde-robes pour voir si je pourrais y dénicher de vieux casse-têtes pour meubler mes journées. Sous une pile de boîtes j’ai redécouvert des anciens magazines format tabloïds, reliés de cuir et entourés d’un ruban. C’était l’Album universel, un hebdomadaire québécois ayant appartenu à mon arrière-grand-père maternel, typographe de métier, dont le nom figure en lettres dorées sur la couverture, sous le titre et les années de publication, 1905 et 1906.
Pour cette série d’oeuvres en cours je cherche à déconstruire les codes et à reconstruire les référents avec un maximum de subjectivité. Ce sont les images et leur contexte, ainsi que les textes les accompagnant (et parfois même leurs erreurs typographiques) qui guident mes choix d’intervention. La fragilité du matériau m’a incité à utiliser la photographie comme outil de numérisation. J’imprime ensuite les éléments dont j’ai besoin pour réaliser des collages ou des découpages à même les images. Me libérant par le fait même de l’échelle originale, je peux jouer à agrandir à outrance ou à superposer certaines images. Des extraits de textes viennent ensuite souligner ajouter une superposition de sens supplémentaire.
Le titre, Album universel, fait référence au matériau d’origine ainsi qu’à l’idée d’album comme autant d’images que l’on collecte afin d’y apposer un sens. Il parle aussi d’une utopie, celle de l’universalité des sentiments dans l’expérience humaine. Et si l’aventure d’être en vie s’exprimait plutôt par une multitude de facettes miroitantes reliées par un mycélium d’idées et de rêves? Ni album, ni universel, mais plutôt un magnifique chaos d’où le sens émerge de façon impromptue.